Les Horizons artificiels

En mer, toutes les visées de hauteur d'un astre au sextant se font à partir de l'horizon naturel, la ligne séparant la mer du ciel.
Mais comment faire lorsque cet horizon naturel n'est pas visible ?
Cela se produit en mer par temps de brume, ou la nuit, ou lorsqu'une côte barre l'horizon.
A terre, on n'a jamais un horizon naturel parfait.

Dans tous ces cas, il faut utiliser un horizon artificiel.

Il existe 2 types d'horizon artificiel : les horizons à bulle, et les horizons à réflexion.

Horizons à bulleHorizons à réflexion
horizon artificielhorizon à bulle
S'utilisent montés sur le sextant, à la place de la lunette
Avantages :
Utilisables sur un bateau
Inconvénients :
Résultat moins précis
Ne peuvent être utilisés qu'avec les sextants dont la fixation de la lunette est "standard" (pas Freiberger, ni Davis)
S'utilisent posés sur une surface stable et immobile
Avantages :
Donnent un résultat extrèmement précis
Utilisables avec tous les modèles de sextants
Inconvénients :
Inutilisables sur un bateau

Les Horizons à bulle :
Ils utilisent le principe du niveau à bulle de maçon : la bulle bien centrée dans un repère indique que le sextant est parfaitement horizontal.
Il faut alors amener l'image de l'astre dans le même repère.
La mesure relevée sur le sextant est la hauteur instrumentale.
Il faut corriger cette hauteur de la valeur de la collimation pour obtenir la hauteur mesurée.

Les Horizons à réflexion :
Ils sont constitués d'une surface réfléchissante (liquide ou miroir) qui doit être parfaitement immobile et horizontale.
On mesure alors l'angle entre l'image de l'astre se reflétant sur cette surface et l'astre réel dans le ciel .


Pour le soleil et la lune,
3 types de mesures peuvent être envisagées :

Cas 1 : Les 2 astres sont superposés, centre sur centre.
Cas 2 : Les 2 astres sont tangents, le bord inférieur de l'image réfléchie dans les miroirs du sextant tangent avec le bord supérieur de l'image se réflétant sur le liquide.
Cas 3 :
Les 2 astres sont tangents, le bord supérieur de l'image réfléchie dans les miroirs du sextant tangent avec le bord inférieur de l'image se réflétant sur le liquide.

Pour le soleil et la lune, je vous conseille de toujours utiliser le Cas 2, c'est la méthode la plus simple et la plus précise.
Pour les étoiles et les planètes on utilise le Cas 1.


L'angle ainsi mesuré doit être corrigé de la valeur de la collimation, puis divisé par 2 pour obtenir la hauteur mesurée.

La correction de la hauteur mesurée
Une fois la hauteur mesurée obtenue, il faut la corriger comme toute mesure de hauteur au sextant. On obtiendra ainsi la "Hauteur vraie"  (Hv)

Si vous avez utilisé un horizon à bulle c'est tout simple, vous utilisez normalement la table de correction standard : la table VII pour le soleil, la table VIII pour les étoiles/planètes et la table IX pour la lune. Dans tous les cas, vous prendrez la colonne 0m comme élévation de l'oeil.

Si vous avez utilisé un horizon à réflexion, la correction varie selon le cas de visée utilisé :
Cas 1 :
Il ne faut pas tenir compte de l'erreur de "1/2 diamètre". Pour cela, le plus simple est d'utiliser la table de correction des étoiles (table VIII des Ephémérides Nautiques) même pour le soleil et la lune, colonne 0m.
Cas 2 :
Cela correspond à une visée "normale", bord inférieur. Dans ce cas, utilisez la table "normale" (Table VII pour le soleil, table IX pour la lune), toujours colonne 0m.
Cas 3 :
Cela correspond à une visée bord supérieur. Dans ce cas, utilisez la table "normale" (Table VII pour le soleil, table IX pour la lune), toujours colonne 0m, mais en y appliquant la correction supplémentaire "bord supérieur".

Vous remarquerez qu'on utilise 
toujours la colonne 0m des tables de corrections, quel que soit l'endroit où vous vous trouvez, même en haut du Mont Blanc ! En effet, l'horizon fictif de tous ces instruments est toujours à la hauteur de vos yeux. C'est d'ailleurs le seul cas pratique où on utilise cette colonne 0m.
La hauteur vraie ainsi calculée s'utilise exactement comme la hauteur vraie "normale".... référez-vous alors au mode d'emploi de votre méthode préférée.

Mon opinion concernant les horizons artificiels :
On lit souvent qu'un horizon artificiel est très utile lors de la phase d'apprentissage de la Navigation Astronomique, pour s'entrainer. Je ne suis pas vraiment d'accord avec cette affirmation. En effet l'usage d'un sextant avec un horizon artificiel est très différent de l'usage "normal" avec l'horizon naturel, autant pour la visée que pour les calculs. Aussi, on n'apprend pas la même chose dans les 2 cas et l'apprentissage de l'horizon artificiel se révèle au final inutile car totalement différent.
Pour apprendre à utiliser son nouveau sextant, il vaut mieux s'entrainer en l'utilisant "normalement" : en descendant le soleil sur le toit de l'immeuble d'en face, ou sur la colline devant sa fenêtre... voire en mesurant l'angle horizontal entre 2 arbres... Bien sûr aucune de ces mesures ne sera utilisable pour calculer sa position, mais cela n'est pas grave du tout.
Pour s'entrainer aux calculs, il n'est en effet pas utile d'avoir une visée réelle. Au contraire, inventer des visées vous permettra de traiter tous les cas possibles même les plus extrèmes : navigation dans l'hémisphère sud, dans l'océan Pacfique, à une date improbable (refaire les navigations de Moitessier ou de Tabarly....). Il existe même des livres qui proposent de tels exercices, et donnent les solutions pour vérifier qu'on a les bons résultats.


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